Elle Magazine 22 septembre 2011

Olivia Cattan : Autisme : « la France a quarante ans de retard »

Monica Belluci, Sandrine Bonnaire, Francis Perrin…. Une vingtaine de personnalités ont déjà signé la pétition de l’association Paroles de femmes qui réclame une meilleure intégration scolaire des enfants autistes. Le problème n’est pas nouveau… En 2004, la  France
a  déjà été condamnée par le Conseil de l’Europe pour« maltraitance ». En  cause ? Le peu de structures adaptées pour ces enfants et des  accompagnantes de vie scolaire (AVS) pas
suffisamment formées. Mais sept  ans après, rien n’a changé. Olivia Cattan, qui dirige Paroles de  femmes, est maman d’un petit garçon de cinqans atteint de ce trouble.  Elle nous explique sa démarche.

Pourquoi avoir lancé cette pétition ?

 Pour sensibiliser le Président de la République sur la question  de la prise en charge des enfants autistes en France qui, aujourd’hui,  est une honte pour notre pays. Il y a des moyens de scolarisation, mais  cela reste très coûteux. Certaines femmes divorcées ou en situation de  précarité ne peuvent pas payer. Les conséquences sont alors dramatiques  pour les enfants. Sans école et un minimum de socialisation, il n’y a aucune amélioration possible. La formation des accompagnantes de vie  scolaire (AVS) est aussi à revoir. Elles sont formées au handicap en  général, et non à l’autisme. Or, c’est une maladie complexe qu’il faut  apprendre à connaître. Quant aux méthodes pratiquées pour traiter  l’autisme (l’ABA, le TEACH, le PECS, Padovan, Feuirstein), la France a  bien quarante ans de retard par rapport au Canada, la Suisse ou encore  la Belgique. À l’étranger, on s’est aperçu qu’il fallait scolariser, socialiser et stimuler l’enfant. Ce dernier point est essentiel,  pourtant, il n’est pas pris en compte en France.

Quelles sont vos attentes ?

 On réclame une véritable formation des AVS sur l’autisme mais  aussi des directeurs d’établissements scolaires et des professeurs des  écoles qui, parfois, font preuve de maladresse avec les parents. Il  n’est pas rare de s’entendre dire que notre présence à l’école n’aide  pas nos enfants à aller mieux… Alors qu’on demande simplement de pouvoir  remplacer les AVS en cas d’absence ! Il faudrait également la mise en  place de vrais centres d’accueil avec suffisamment de places. Les  enfants y seraient alors scolarisés le matin et stimulés l’après-midi.  On attend bien sûr des psychanalystes qu’ils s’ouvrent enfin aux  méthodes anglo-saxonnes qu’ils refusent d’appliquer sous prétexte que  leur efficacité n’a pas été prouvée scientifiquement. Or, de nombreux  parents affirment le contraire ! Moi, la première. En trois semaines,  grâce à la méthode Feuerstein, monfils est passé de quatre mots à six  cents mots…

En tant que maman d’un enfant de cinq ans atteint de ce trouble, quel combat menez-vous au quotidien ?

Pour cette rentrée, le plus dur a été de scolariser mon fils et  de trouver une AVS. Mais l’année ne s’annonce pas simple. Elle m’a déjà  annoncé une semaine d’absence pour cause de formation. Un laps de temps  où mon fils n’ira pas à l’école. Sauf, si l’Education nationale accepte  que je l’accompagne. Ce n’est donc pas gagné… Quant à l’inscription au  sport, là aussi, le combat est rude. De nombreux clubs refusent d’accueillir des enfants autistes parce qu’ils ne savent pas gérer ce  genre de troubles.  Nous, parents, nous nous battons pour inscrire nos enfants dans une équipe « normale », avec des enfants dits « normaux »  pour les sociabiliser. Les autistes ne sont pas débiles, ils ont une  capacité d’apprentissage énorme.

2018-05-04T21:39:41+00:00