Olivia Cattan : Autisme : « la France a quarante ans de retard »
Monica Belluci, Sandrine Bonnaire, Francis Perrin…. Une vingtaine de personnalités ont déjà signé la pétition de l’association Paroles de femmes qui réclame une meilleure intégration scolaire des enfants autistes. Le problème n’est pas nouveau… En 2004, la France
a déjà été condamnée par le Conseil de l’Europe pour« maltraitance ». En cause ? Le peu de structures adaptées pour ces enfants et des accompagnantes de vie scolaire (AVS) pas
suffisamment formées. Mais sept ans après, rien n’a changé. Olivia Cattan, qui dirige Paroles de femmes, est maman d’un petit garçon de cinqans atteint de ce trouble. Elle nous explique sa démarche.
Pourquoi avoir lancé cette pétition ?
Pour sensibiliser le Président de la République sur la question de la prise en charge des enfants autistes en France qui, aujourd’hui, est une honte pour notre pays. Il y a des moyens de scolarisation, mais cela reste très coûteux. Certaines femmes divorcées ou en situation de précarité ne peuvent pas payer. Les conséquences sont alors dramatiques pour les enfants. Sans école et un minimum de socialisation, il n’y a aucune amélioration possible. La formation des accompagnantes de vie scolaire (AVS) est aussi à revoir. Elles sont formées au handicap en général, et non à l’autisme. Or, c’est une maladie complexe qu’il faut apprendre à connaître. Quant aux méthodes pratiquées pour traiter l’autisme (l’ABA, le TEACH, le PECS, Padovan, Feuirstein), la France a bien quarante ans de retard par rapport au Canada, la Suisse ou encore la Belgique. À l’étranger, on s’est aperçu qu’il fallait scolariser, socialiser et stimuler l’enfant. Ce dernier point est essentiel, pourtant, il n’est pas pris en compte en France.
Quelles sont vos attentes ?
On réclame une véritable formation des AVS sur l’autisme mais aussi des directeurs d’établissements scolaires et des professeurs des écoles qui, parfois, font preuve de maladresse avec les parents. Il n’est pas rare de s’entendre dire que notre présence à l’école n’aide pas nos enfants à aller mieux… Alors qu’on demande simplement de pouvoir remplacer les AVS en cas d’absence ! Il faudrait également la mise en place de vrais centres d’accueil avec suffisamment de places. Les enfants y seraient alors scolarisés le matin et stimulés l’après-midi. On attend bien sûr des psychanalystes qu’ils s’ouvrent enfin aux méthodes anglo-saxonnes qu’ils refusent d’appliquer sous prétexte que leur efficacité n’a pas été prouvée scientifiquement. Or, de nombreux parents affirment le contraire ! Moi, la première. En trois semaines, grâce à la méthode Feuerstein, monfils est passé de quatre mots à six cents mots…
En tant que maman d’un enfant de cinq ans atteint de ce trouble, quel combat menez-vous au quotidien ?
Pour cette rentrée, le plus dur a été de scolariser mon fils et de trouver une AVS. Mais l’année ne s’annonce pas simple. Elle m’a déjà annoncé une semaine d’absence pour cause de formation. Un laps de temps où mon fils n’ira pas à l’école. Sauf, si l’Education nationale accepte que je l’accompagne. Ce n’est donc pas gagné… Quant à l’inscription au sport, là aussi, le combat est rude. De nombreux clubs refusent d’accueillir des enfants autistes parce qu’ils ne savent pas gérer ce genre de troubles. Nous, parents, nous nous battons pour inscrire nos enfants dans une équipe « normale », avec des enfants dits « normaux » pour les sociabiliser. Les autistes ne sont pas débiles, ils ont une capacité d’apprentissage énorme.