L’examen raté de Mr Blanquer

Tribune d’Olivia Cattan, Présidente de SOS autisme France dans l’Humanité, le 16 octobre 2018

L’inclusion des enfants autistes était une promesse électorale, elle est aujourd’hui l’élément de langage préféré du gouvernement Macron. Mais cette volonté affichée est totalement déconnectée non seulement de la réalité du terrain, mais aussi des mesures mises en place par le ministre de l’Éducation nationale. L’accès à l’école des personnes autistes et des personnes handicapées, garanti par la loi pour l’égalité des chances de 2005, est loin d’être appliqué puisque 80 % d’enfants autistes ne vont toujours pas à l’école. Il serait donc peut-être temps de réfléchir aux raisons de cet échec. Quant aux 20 % d’enfants autistes intégrés à l’école, tout est loin de fonctionner. Il y a des parcours scolaires réussis et de lourds échecs parce que cela dépend de plusieurs facteurs. Tout commence par le diagnostic précoce de ces enfants qui n’a pas beaucoup progressé puisque aucune formation des médecins n’a été faite. Cela dépend aussi de leur prise en charge par des psychologues formés aux méthodes éducatives. Plus cette prise en charge sera précoce et accessible, plus l’enfant apprendra à communiquer avec les autres, contrôler ses troubles du comportement et troubles sensoriels, facilitant son intégration. Plus son accompagnement au sein de l’école grâce à son auxiliaire de vie scolaire (AVS) sera adapté, plus l’enfant réussira à se concentrer pour suivre tous les apprentissages et se socialiser. Un AVS formé spécifiquement à l’autisme aura les outils nécessaires pour accompagner cet enfant et demander aux enseignants d’adapter certains apprentissages et système de notation : photocopies de documents en gros caractères et en couleurs, autorisation d’utiliser son ordinateur en cas de lenteur ou dysgraphie, temps supplémentaire accordé pour les évaluations, un tiers-temps notifié par la loi mais pas toujours accordé par les professeurs par ignorance ou pour des questions d’emploi du temps, notamment au collège. Mais le manque de formation, de matériel pédagogique et la non-revalorisation des salaires des accompagnants aboutissent souvent à un échec. Les AVS se retrouvent seuls face aux difficultés de l’enfant. Les professeurs non formés, et ayant des classes surchargées, sont vite dépassés. Ce qui se traduit par cette phrase, tant et tant de fois entendue par les familles : « L’école n’est pas faite pour votre enfant autiste. » Mais ce n’est pas l’enfant autiste qui n’est pas fait pour l’école, c’est l’école de la République elle-même qui n’a pas su évoluer et s’adapter afin d’accueillir au mieux des enfants différents, que ce soit des enfants autistes ou porteurs de handicap, des enfants Dys ou encore précoces. Alors il est temps de donner à l’équipe éducative les connaissances et les moyens nécessaires pour le faire. Enfin, le dernier facteur de réussite essentiel pour l’intégration d’un enfant autiste reste l’humain. Il faut non seulement que les familles, connaissant le mieux les spécificités de leurs enfants, travaillent collectivement avec l’établissement scolaire, mais il faut aussi avoir l’envie d’accueillir un enfant différent dans sa classe et croire en ses compétences. Et ne pas oublier que l’école de la République doit être un lieu ouvert de savoir et de transmission pour tous, un îlot de bienveillance et de partage et surtout d’intégration de toutes les différences. L’inclusion réelle, que nous défendons au sein de SOS Autisme France, doit aller au-delà des effets d’annonce et nécessite un véritable changement de vision et d’action politique.

2018-11-12T10:01:59+00:00