Communiqué
L’association SOS autisme France souhaitait réagir suite à l’intervention de Mr Bernard Lempereur, secrétaire départemental du syndicat FO qui évoque dans un article repris par handicap.fr : « Un désarroi de certains professeurs face à des enfants handicapés intégrés à l’école qui seraient ingérables et violents ». Selon lui, il y aurait trop d’enfants handicapés intégrés à l’école ordinaire. Leur place étant préférable dans des « hôpitaux de jour ».
Je souhaitais d’une part rappeler à Mr Lempereur que la France a été condamnée par le Conseil de l’Europe de nombreuses fois parce qu’aujourd’hui trop peu d’enfants en situation de handicap bénéficient de cette inclusion scolaire à laquelle ils ont droit, et ce grâce à la loi de 2005 pour l’Egalité des chances.
Je souhaiterais lui rappeler également que l’Education est un droit pour tous, non négociable. Et que le véritable problème qui se pose aujourd’hui dans notre pays est le manque de formation des professeurs, le manque d’AVS formées et payées correctement, ainsi que le manque de volonté de certains enseignants d’accueillir au mieux les élèves handicapés en adaptant leur apprentissage comme la loi le stipule. L’école devrait s’adapter à toutes les différences comme c’est le cas dans le plus grand nombre de pays d’Europe et d’Outre Atlantique.
Nous souhaitons rappeler qu’en matière d’autisme, seuls 20% de ces enfants vont à l’école primaire. Ce qui est bien faible comparés aux pays voisins.
Concernant la violence à l’école, selon la dernière étude parue dans le Parisien, 442 faits de violence par jour ont été répertoriés dans les écoles sur tout le territoire français. Et après vérification, aucun d’eux n’a été commis par des enfants en situation de handicap. Va-t-on pour autant renvoyer tous ces enfants de l’école et les placer dans des hôpitaux ?
De plus, il n’appartient pas au Syndicat d’FO de conseiller aux parents de mettre leurs enfants dans des « hôpitaux de jour ». Ce syndicat de professeurs n’étant pas compétent en la matière, ni habilité à le faire.
C’est aux parents, à l’équipe de suivi de l’enfant, au Directeur d’établissement et à la référente de scolarisation de réfléchir ensemble à la façon d’intégrer au mieux l’enfant concerné. Voilà pourquoi un PPS est réfléchi et validé par tous en début d’année. Le fait d’aller à l’école n’excluant en rien une prise en charge médicale et éducative (orthophonistes, psychomotriciens…) sur le temps libre.
Vouloir retirer la responsabilité des parents à décider de la scolarisation ou pas de leur enfant, parler de « déni du handicap » de certains parents est un jugement que des professeurs n’ont pas à porter sur la famille de leurs élèves. Ces professeurs sortent du rôle qui leur est confié par l’Etat : Transmettre le savoir à nos enfants et faire de l’école un lieu d’égalité, de fraternité et de solidarité.
La nouvelle sortie médiatique du syndicat FO montre encore une fois le travail qu’il nous reste à faire pour faire évoluer les mentalités sur le handicap et sa place dans la Cité.
Les personnes en situation de handicap ont besoin de prise en charge ou de soins mais ont aussi besoin d’être intégrés dans toutes les sphères de notre société. Le médico-social ne pouvant pas répondre à tous leurs besoins. Nous invitons d’ailleurs Mr Lempereur à nous rencontrer afin que nous puissions leur présenter de nombreux cas d’intégration réussie, et des professeurs heureux d’accueillir des enfants « différents » à l’école.
Les 32 témoignages présentés dans leur livre noir ne sont en rien représentatifs des nombreux cas d’intégration réussie d’élèves en situation de handicap sur tout le territoire.
Faire de ces quelques exceptions, un cas généralisé qui remettrait en cause le bien-fondé de la Loi Montchamp de 2005, stigmatise et porte préjudice à tous nos enfants en situation de handicap et aux professeurs et Directeurs d’Etablissement qui font un travail formidable avec les familles.
Nos enfants en situation de handicap ont des droits et ne peuvent être ainsi discriminés et exclus de l’Ecole publique. Et nous veillerons à ce qu’il en soit ainsi.
Nous rencontrerons prochainement les responsables de ce syndicat afin d’en débattre ensemble. Mais il me semble que cette démarche va à l’encontre même des valeurs du syndicalisme français et de Force Ouvrière dont les valeurs progressistes prônent la fraternité, l’égalité et la justice sociale, ainsi que la lutte contre toutes formes de discriminations.
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